CRÈTE ANTIQUE

CRÈTE ANTIQUE
CRÈTE ANTIQUE

Royaume du légendaire Minos, qui enferme dans le labyrinthe construit par Dédale le monstrueux Minotaure, la Crète, l’île aux cent villes mentionnée par Homère, n’est bien connue des archéologues que depuis quelques décennies. Province marginale du monde grec et romain, mais forte à toutes époques de sa position privilégiée au carrefour de grandes routes maritimes, elle a été associée, tout au long de son histoire, aux événements qui ont pris place dans le bassin oriental de la Méditerranée. Dans le monde égéen, au début du IIe millénaire, alors que la Grèce et les Cyclades vivent une période de stagnation, la Crète connaît un extraordinaire essor: l’apparition des premiers palais minoens vers 2000 avant J.-C. marque le début d’une civilisation brillante et originale qui tente d’égaler les civilisations voisines du Proche-Orient ou de l’Égypte. Son histoire, rythmée de destructions brutales, notamment vers 1700 puis vers 1450, est étroitement liée, à partir de 1450, à celle de la puissance de Mycènes, qui s’impose alors dans le bassin égéen: tout en gardant son originalité propre, la Crète devient une province mycénienne dont le destin sera comparable à celui des autres régions de la Grèce et qui déclinera après 1200. Après une brillante renaissance au début de la période archaïque, l’histoire de la Crète suivra dès lors les vicissitudes de l’histoire des mondes grec et romain.

Histoire des découvertes

Les voyageurs modernes qui, depuis C. Buondelmonti au début du XVe siècle, ont visité la Crète ont décrit des vestiges qui appartenaient surtout aux périodes les plus récentes de l’histoire de la Crète antique: théâtres romains vus par O. Belli en 1596, sites grecs et romains mentionnés dans les descriptions systématiques de Pashley, Raulin ou Spratt au début du XIXe siècle. Les premières fouilles, dès la fin du XVIe siècle, firent parvenir à Venise statues romaines et inscriptions. Ce sont toutefois les vestiges de l’âge du bronze qui, à la suite des travaux de Schliemann à Mycènes, retinrent, à la fin du XIXe siècle, l’attention des chercheurs: de Minos Kalokairinos, qui, en 1878-1879, effectue les premiers sondages au palais de Cnossos, de Schliemann lui-même, venu en Crète en 1886, de Taramelli qui découvre en 1894 au flanc de l’Ida, dans la grotte de Camarès, les premiers vases polychromes minoens, d’Arthur Evans, surtout, qui parcourt la Crète dès 1894 et commence, à partir de 1900, le dégagement du palais de Cnossos. Le développement de l’archéologie minoenne va dès lors masquer en partie la poursuite des recherches sur les sites de la Crète archaïque (Dréros, Prinias), classique et hellénistique (Aptéra, Éleuthernes, Lato, Phalassarna) ou romaine (Gortyne).

Si de nombreux sites, palais de Cnossos, Malia, Phaistos, villes du golfe de Mirabello (Gournia) ou de l’Est (Palaikastro), sont explorés dès le début du siècle, de plus récentes découvertes ne cessent de préciser l’image de la Crète minoenne: le palais de Zakro n’a été découvert qu’en 1962, la nécropole d’Archanès en 1964, le sanctuaire de Katô Symi en 1972, le port de Kommos en 1976. En 1952, le déchiffrement par Ventris et Chadwick de l’écriture grecque mycénienne (linéaire B) permit d’éclairer toute une partie de l’histoire de la Crète. La fouille du site d’Akrotiri, sur l’île de Théra (Santorin), à partir de 1964, a ouvert de nouvelles perspectives sur l’influence minoenne dans les Cyclades.

Le cadre chronologique de la civilisation minoenne fut fixé dès 1905 par Evans, à partir des observations faites à Cnossos. La subdivision en trois grandes périodes – Minoen ancien (3000-2000 env.), Minoen moyen (2000-1600 env.), Minoen récent (1600-1050 env.), comportant elles-mêmes chacune trois phases (I, II et III) – sert encore de cadre général à l’histoire de la civilisation minoenne. Les dates absolues – qui restent approximatives – reposent à la fois sur les résultats de méthodes scientifiques (carbone 14) pour les périodes les plus anciennes et sur des corrélations avec les civilisations voisines, l’Égypte principalement.

La Crète au Néolithique et au Bronze ancien (env. 6000-2000)

La Crète ne semble pas avoir été peuplée avant le début du Néolithique, et l’origine des premiers arrivants (Anatolie?) reste imprécise. Le site de Cnossos a livré l’habitat le plus étendu et la stratigraphie la plus complète pour cette période, de la phase «acéramique» jusqu’à la fin du Néolithique récent. Ce n’est guère que dans cette dernière phase que le nombre des sites, habitats proches des plaines côtières ou grottes, se multiplie en Crète.

Le début du Minoen ancien est marqué par l’apparition de nouveaux sites d’habitats, souvent établis sur des hauteurs, et par plusieurs types nouveaux de céramiques à décor peint ou à décor lissé, peigné ou incisé; ces changements ont pu faire penser à l’installation de nouveaux groupes de population venus d’Anatolie. Ce n’est cependant que dans la deuxième phase du Minoen ancien (M. A. II) que l’on constate un progrès significatif de la civilisation minoenne, avec le développement de la métallurgie et une prospérité nouvelle qu’indiquent les objets déposés dans les nécropoles. Les enclos funéraires de la Crète de l’Est (Mochlos) et surtout les grandes tombes collectives à voûte de la Messara, de plan circulaire, qui connaissent alors leur plus grand développement et resteront en usage pendant l’époque des palais, ont fourni armes, sceaux, figurines, objets de parure, vases de pierre, qui attestent des relations nouvelles avec les civilisations voisines, Cyclades, Orient, Égypte. Un site comme celui de Myrtos montre l’organisation d’une communauté rurale de cette époque, avec ses zones d’activités spécialisées et son sanctuaire. Le site de Vassiliki a donné son nom à un type nouveau de céramique «flammée», d’excellente qualité technique, caractéristique de la fin de la période. À Cnossos et à Malia, à l’emplacement des futurs palais, des bâtiments importants en brique crue sur soubassements de pierre peuvent avoir été déjà les demeures des chefs de ces villages, détruits vers 2200 par des incendies. La fin du Minoen ancien forme une brève période de transition vers le Minoen moyen.

Les premiers palais crétois (env. 2000-1700)

Les premiers palais crétois de Cnossos, Malia, Phaistos (le cas de Zakro reste mal connu) apparaissent vers le tout début du IIe millénaire. Détruits brutalement, parfois à plusieurs reprises comme celui de Phaistos, ils ont été, après 1700, recouverts par les seconds palais, et leur plan d’ensemble reste ignoré: il semble seulement assuré qu’ils possédaient tous, dès cette époque, la grande cour centrale rectangulaire propre aux palais minoens. L’apparition de ces palais correspond à l’instauration d’un nouveau système politique et social. La Crète était vraisemblablement divisée en plusieurs provinces: Cnossos dominait les vallées fertiles de la Crète centrale, sur la côte nord; Phaistos, au sud, la grande plaine de la Messara et ses abords; Malia, le plateau du Lassithi et ses marges, jusqu’au golfe de Mirabello et jusqu’à la côte sud; Zakro, l’extrémité orientale de l’île; un ou plusieurs autres palais existaient peut-être en Crète occidentale. De véritables villes, succédant aux communautés proto-urbaines de l’époque précédente, entourent les palais; ailleurs, les sites d’habitat se multiplient, et le développement rapide d’agglomérations secondaires est particulièrement net autour de Cnossos, dans la région du golfe de Mirabello (Gournia) ainsi qu’à l’extrémité est de la Crète (Palaikastro). De nouveaux lieux de culte apparaissent: à côté de sanctuaires palatiaux ou urbains, des «sanctuaires de sommet», aménagés au sommet de collines ou de montagnes, particulièrement nombreux dans la Crète de l’Est, ont livré de très nombreuses figurines humaines ou animales et des ex-voto de guérison, comme à Petsofa près de Palaikastro. Objets et symboles cultuels se multiplient dans les différents lieux de culte (doubles haches, cornes de consécration). Les sépultures individuelles, inhumations dans des jarres ou dans des sarcophages en argile, font leur apparition dans les nécropoles.

Les témoignages archéologiques attestent le développement d’une administration complexe qui met en œuvre des méthodes de contrôle économique analogues à celles du Proche-Orient. L’écriture dite «hiéroglyphique» (non déchiffrée) est désormais utilisée pour des enregistrements comptables sur des tablettes d’argile crue. Un petit nombre d’entre elles, cuites dans l’incendie de la destruction finale, ont été conservées dans les dépôts d’archives du palais de Cnossos ou du quartier Mu de Malia; un système complexe de scellés sur argile, apposés sur des coffres, des jarres ou des portes de magasins, permet de contrôler les entrées et sorties de biens et de denrées dans les magasins palatiaux. La prospérité économique nouvelle se traduit en particulier par l’existence d’artisans spécialisés, dépendant de l’autorité centrale: les maisons d’artisans (graveur de sceaux, potier, fondeur) du quartier Mu de Malia en fournissent le meilleur exemple. L’introduction de nouveaux moyens techniques (développement des outils de métal, utilisation du tour rapide) et les demandes nouvelles émanant des palais transforment alors les conditions de la production artistique, et les innovations des ateliers palatiaux se diffuseront dans l’ensemble de la Crète. C’est l’époque de la céramique dite de Camarès, aux formes raffinées (tasses egg-shell , en «coquille d’œuf») et au riche décor polychrome en rouge, jaune, blanc sur fond sombre, qui révèle le mieux certaines caractéristiques de l’art minoen: le goût des motifs tournoyants, l’alliance des spirales et des éléments naturalistes (fleurs, pétales, poulpes) que l’on retrouvera tout au long de l’histoire de la céramique minoenne et mycénienne. La glyptique, qui connaît un développement considérable à cette époque, marqué par l’apparition de formes nouvelles (prismes, cachets à tige), reprend les mêmes motifs. L’orfèvrerie, que seuls quelques documents permettent de connaître (pendentif aux abeilles, épées d’apparat de Malia), utilise désormais le filigrane, l’incrustation et la granulation.

La Crète tient alors la place principale dans le monde égéen. Les textes orientaux nous renseignent sur l’existence de relations commerciales avec la Mésopotamie; des fragments de vases de Camarès ont été retrouvés dans la vallée du Nil, et des objets d’art égyptisants en Crète impliquent une connaissance directe de l’art égyptien par les artistes crétois. Mais palais et sites crétois sont brutalement détruits aux environs de 1700. Les causes de ces destructions, fréquemment accompagnées d’incendies, restent incertaines: tremblements de terre, troubles internes liés à des rivalités entre palais. Cette coupure, qui met fin à la période dite des premiers palais, ne suspend cependant que très momentanément les progrès de la civilisation minoenne.

L’apogée de la civilisation minoenne (env. 1700-1450)

Une «ère nouvelle», selon l’expression d’Evans, commence à partir de 1700. Elle se caractérise par une unification culturelle, et peut-être politique, de l’île avec une prédominance de Cnossos, par une splendeur inégalée des arts palatiaux dont l’influence sur l’art de Mycènes sera considérable, et par l’expansion de la puissance minoenne dans le bassin égéen. Les palais minoens reçoivent vers 1600, au début du Minoen récent, leur forme architecturale presque définitive et présentent un même type d’organisation. Non fortifiés, ils forment une masse monumentale compacte, composée de «quartiers» accolés autour d’une cour centrale où aboutissent les voies d’accès. Au rez-de-chaussée, on distingue assez nettement les différents blocs fonctionnels (quartiers résidentiels, d’apparat, magasins, communs) et les formes typiques de l’architecture palatiale (pièces ouvrant sur plusieurs côtés par des baies multiples que séparent des piliers, dites polythyron; puits de lumière, bassins lustraux, salles hypostyles); l’aile ouest, la plus imposante, aligne sanctuaires et pièces d’apparat sur la cour centrale. L’étage comportait certaines des pièces les plus importantes: halls de réception, bureaux administratifs. Le caractère monumental de cette architecture, que montrent le mieux les façades ouest de Cnossos, de Phaistos ou de Malia, est accentué par l’utilisation de matériaux tels que le gypse ou l’albâtre, le jeu des colonnes ou des piliers, la richesse des couleurs et du décor de fresques. Tous ces éléments se retrouvent dans les grandes résidences de l’époque: «petits palais» (Cnossos, Gournia), riches maisons urbaines ou grandes «villas» (Haghia Triada, Tylissos), demeures de membres de la famille royale, d’officiers ou de gouverneurs locaux.

L’art de la fresque, qui semble utiliser la technique du buon fresco , est connu surtout à Cnossos (Cueilleur de safran, Oiseau bleu); il se répand très vite en Crète dès le début du XVIe siècle, mais aussi dans les Cyclades, à Théra, dont les ensembles exceptionnels et bien datés servent aujourd’hui de point de référence, à Milo ou à Kéa. L’influence des fresques sur les peintres de vases est nettement visible: généralisation d’un décor en sombre sur clair, développement de motifs naturalistes végétaux à partir de 1600 et d’un «style marin» après 1500. Les arts du relief atteignent dans les ateliers de Cnossos, à cette époque, leur perfection, avec les rhytons de pierre en forme de têtes animales ou de coquillages et la série des vases à décor sculpté – scènes religieuses et représentations de style marin – dont les exemplaires les mieux conservés proviennent de la ville d’Haghia Triada (vase des Moissonneurs, gobelet du Chef, rhyton des Boxeurs), des palais de Zakro (rhyton du Sanctuaire de sommet) et de Malia (Triton aux génies). L’art des ivoires sculptés, en ronde bosse («Acrobate») ou en relief, se développe aussi à cette époque. En glyptique, les grandes bagues-cachets en métal précieux, ornées souvent de scènes religieuses, comme celle de la tombe d’Isopata, fournissent le meilleur exemple d’un style «monumental» inspiré à la fois par les fresques et par les vases de pierre sculptés. D’autres sceaux, en pierres dures semi-précieuses, montrent, à côté de multiples scènes animales, des compositions plus complexes, comme celle qui a été retrouvée sur une empreinte de La Canée représentant le «maître de la Ville». De nombreuses figurines d’adorants en bronze ont été retrouvées dans les sanctuaires, les palais ou les villas. Ces produits des ateliers palatiaux témoignent de l’importance accrue des cérémonies rituelles dans la religion officielle. Le culte s’adressait essentiellement, semble-t-il, à une divinité féminine, figurée avec des attributs variés (déesse aux serpents, maîtresse de la vie animale; déesse aux oiseaux). La distinction entre les différentes catégories d’attributs n’est pas toujours claire, et l’on ne peut guère déterminer s’il s’agit d’aspects différents d’une même déesse ou d’un véritable polythéisme.

La période des seconds palais marque aussi l’apogée de l’expansion minoenne. Le développement des ports de Kommos et de Zakro, la découverte, dans le palais de Zakro, de défenses d’éléphant et de lingots de cuivre montrent la part des relations extérieures dans l’économie palatiale. La Syrie reste l’un des principaux partenaires, mais les relations avec l’Égypte sont bien attestées par des peintures de tombes thébaines qui représentent les «tributaires» du pays Keftiou, la Crète. Le développement du commerce extérieur peut avoir été une des causes principales de cette expansion dans le bassin égéen connue sous le nom de thalassocratie. En fait, il n’existe guère de véritables colonies minoennes qu’à Cythère et à Rhodes, mais de nombreux aspects de la culture minoenne, alors adoptés dans les principales îles des Cyclades, Théra, Milo, Kéa, témoignent vraisemblablement de l’existence d’un contrôle minoen sur les routes maritimes de l’Égée. Des fragments d’inscriptions en linéaire A, écriture (non déchiffrée) employée en Crète pendant toute la période des seconds palais, ont été retrouvés dans ces îles.

Vers 1450, les palais crétois, à l’exception de celui de Cnossos, sont détruits, les «villas» ravagées et incendiées. Ce cataclysme – sans relation directe avec l’éruption volcanique de Théra, vers 1500, et dû plus vraisemblablement à des destructions causées par l’homme – marque en même temps la fin de la thalassocratie minoenne.

La Crète mycénienne

Après les destructions de 1450, un seul palais existe en Crète, celui de Cnossos. Les changements que l’on constate alors, notamment dans les coutumes funéraires, apparaissent comme le signe de l’installation au pouvoir d’une dynastie mycénienne: une tombe à tholos de type mycénien est construite près de Cnossos; l’apparition de «tombes de guerriers», définies par la présence d’un riche mobilier métallique, armes, mais aussi vases de bronze ou de métal précieux, rasoirs, miroirs, bijoux, est l’aspect le plus spectaculaire de ces changements. Amphores du style du Palais (cf. illustration), créées d’abord dans les ateliers cnossiens, épées de types nouveaux, vases de pierre et de métal, ivoires sculptés et sceaux gravés sur pierres dures attestent la persistance d’une riche civilisation palatiale à Cnossos. Dans le Palais même, partiellement détruit vers 1400, un nouveau programme de fresques (fresque de la Procession, la Parisienne) accompagne la reconstruction des zones endommagées. Le sarcophage peint découvert à Haghia Triada, qui montre avec précision les cérémonies religieuses en l’honneur du mort, appartient à cette même époque.

Vers 1375, une nouvelle destruction du palais de Cnossos met fin à l’existence en Crète d’un système palatial centralisé. Les tablettes en grec mycénien (linéaire B) de Cnossos, qui attestent la présence d’un pouvoir mycénien en Crète, datent vraisemblablement de cette époque, plutôt que de la fin du XIIIe siècle, bien que le débat sur cette question reste ouvert. En tout cas, l’absence de «tombes de guerriers» après 1375, la disparition presque complète des productions artistiques antérieures correspondent à un nouveau changement des structures administratives et sociales.

Ces événements n’entraînent pas, comme on l’a cru à l’origine, une décadence de la civilisation crétoise, qui connaît alors une période de développement démographique et de prospérité mesurée jusque vers 1200. En dehors de Cnossos, certains sites, comme ceux de Haghia Triada, de Kommos ou de Kydônia (La Canée), acquièrent une importance nouvelle. Cnossos et Kydônia entretiennent des relations commerciales avec les palais mycéniens continentaux, vers lesquels ils exportent des jarres à étrier, dont certaines portent encore des inscriptions en linéaire B. Cependant, l’influence mycénienne est de plus en plus sensible dans la céramique, où apparaissent des variantes locales. La multiplication des sanctuaires, avec leurs figurines de déesses aux bras levés, témoigne aussi d’un développement des formes locales de la religion.

Si la Crète échappe, vers 1200, aux troubles violents que connaît alors la Grèce continentale, l’abandon et le déplacement de certains sites paraissent correspondre à l’arrivée de nouveaux éléments de population; le site de Karphi, fondé vers le milieu du XIIe siècle sur un sommet escarpé en bordure du Lassithi, est le type des cités-refuges de cette période, nombreuses en Crète de l’Est. L’usage du linéaire B disparaît alors en Crète, comme en Grèce.

La Crète gréco-romaine

L’archéologie de la Crète permet, mieux que celle d’autres régions de Grèce, de suivre le passage de l’âge du bronze à l’âge du fer, au début du Ier millénaire. Des sites comme Cnossos sont occupés sans interruption jusqu’à la période protogéométrique. L’histoire de cette période, qui voit l’arrivée des Doriens en Crète, reste cependant obscure. C’est à partir du début du VIIIe siècle, jusqu’au début du VIe siècle, que la Crète connaît une véritable renaissance, qui se manifeste notamment dans les arts du métal et dans la sculpture en pierre dédalique. Les bronzes crétois orientalisants à reliefs (boucliers de l’Ida) sont exportés vers les grands sanctuaires grecs, Delphes ou Olympie. Les temples primitifs crétois, de Prinias ou de Dréros, fournissent, en pierre et en bronze, les exemples grecs les plus anciens de statues de culte, et le sanctuaire rural de Katô Symi, fréquenté sans interruption depuis l’époque des seconds palais, a livré une magnifique série de bronzes découpés.

La Crète connaît ensuite un certain repli: les Lois de Gortyne (Ve s.) montrent la permanence de structures sociales anciennes. En marge du monde grec, elle subira cependant la répercussion des luttes entre Athènes et Sparte. À partir du IVe siècle, les cités crétoises sont engagées dans de multiples conflits, qui aboutissent, au IIe siècle, à la consolidation du pouvoir des cités principales, Cnossos, Gortyne, Lyttos, Kydônia, Hiérapytna. La Crète donne alors l’image d’un pays de mercenaires et de pirates. Ses positions dans les conflits du monde grec entraînent les interventions de Rome. La Crète est conquise en 69-67 par Métellus et réunie en 27 à la Cyrénaïque en une province dont la capitale est Gortyne; vers la même date, une colonie romaine est fondée à Cnossos. C’est au moment des réformes de Dioclétien, à la fin du IIIe siècle après J.-C., que la Crète constitue à elle seule une province romaine, rattachée à la préfecture d’Illyrie.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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